Description
Depuis cinquante ans, l’État français multiplie les politiques à destination des jeunes : stages, apprentissage, service civique, volontariat, service national universel… Derrière leur apparente diversité, ces dispositifs ont en commun de formuler une promesse d’avenir sans avoir les moyens de l’honorer.
Cheminant dans ces politiques pour la jeunesse et analysant leurs mutations depuis 1970, Florence Ihaddadene montre qu’elles ont progressivement bâti un véritable système de mise au travail et de citoyenneté dérogatoire au régime général. Si cette politique de l’espoir fonctionne, c’est qu’elle repose aussi sur une menace. Ainsi, si tou·tes les jeunes sont mis·es en attente, tou·tes ne le sont pas de la même manière : promesse de méritocratie, de valorisation de soi, d’intégration républicaine ou d’exaltation patriotique pour certain·es, menace de chômage, de sélection, de coercition, dispositifs de seconde chance ou criminalisation pour d’autres.
Finalement, mettant gratuitement au travail celles et ceux qui attendent une insertion professionnelle et citoyenne et menaçant de marginalisation les autres, l’État produit des subjectivités en attente mais disponibles, dépendantes et dociles, autrement dit parfaitement adaptées aux besoins du capitalisme néolibéral.
Florence Ihaddadene est sociologue, maîtresse de conférences en sciences de l’éducation à l’université de Picardie Jules Verne.
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